Photo Puppies

Photo de chien de race

A. Sur l’absurdité du concept “pureté raciale”

Pourquoi y a-t’il des élevages de chiens et de chats? Parce que les gens ont apparemment assez d’argent pour acquérir un chien ou un chat qui correspond à certains critères physiques externes, liées ou pas à des caractéristiques de tempérament ou de caractère. Tout comme les gens achètent des vêtements dans une boutique qui correspondent à leurs normes esthétiques en termes de couleur, de modèle, de tissu et de coupe. Voilà, nous arrivons déjà à un point délicat: l’animal comme objet de consommation, devant correspondre à certains critères. Et du point de vue légal, les animaux sont aujourd’hui, pas plus que des objets.

Il existe des livres et des catalogues dans lesquels les différentes espèces de chiens et de chats sont décrits en détail. Il y a des concours de beauté pour ces soi-disants animaux de race, où un jury exigeant jugera et quotera les animaux. La moindre petite erreur, le moindre petit poil de mauvaise couleur dans le pelage, une “imperfection” dans le gabarit de l’animal, et le propriétaire en prendra pour son grade. Le gagnant de tous ces concours, ce n’est jamais l’animal, mais bien l’orgueil vaniteux de son propriétaire. Ce type de concours n’est jamais dans l’intérêt de l’animal, qui est parfois exposé dans un espace restreint sous une lumière artificielle et sous les regards curieux de centaines de spectateurs. Et il n’est pas difficile de s’imaginer qu’un propriétaire pourrait être tenté de “punir” l’animal quand il “échoue”, parce qu’il ne se comporte pas « comme il faut » ou parce qu’il ne répond pas à la liste complète des critères de la « perfection ».

L’arrivée de l’internet a joué un rôle d’amplificateur au niveau des tendances et des caprices de la mode. L’internet et surtout les réseaux sociaux sont malheureusement des plateformes où les gens iront reproduire des comportements d’autres gens qui aiment exhiber leur mode de vie en public. Il y a donc des animaux domestiques qui sont devenus de vraies sensations sur internet à cause de leur mignonnerie, ce qui propulse la race à laquelle ils appartiennent vers un niveau de popularité immense, donnant suite à une forte demande et des prix très élevés, certains chiots coûtant plus chers que le salaire moyen belge. Pourquoi? Pour pouvoir s’en vanter dans son entourage …
Ce genre de modes vient et s’en va aussi vite. Dès que la mode passe, on perd tout intérêt dans l’animal. L’année passée encore (en 2017), des centaines de chiens d’une race particulière se sont retrouvés à la rue en Chine, mis de coté par leurs “propriétaires”, parce que leur popularité temporaire avait cessé. Personne, et certainement pas ces “amateurs d’animaux” qui font l’amalgame entre leur propre orgueil et l’amour pour les animaux, ne semble se poser la question si tout cela est dans l’intérêt de l’animal.

La pureté raciale chez les chiens et chats vivants libres, existe-t’elle?

Bien sûr que non. Il suffit de regarder l’allure générale du chat ou du chien “de rue”. Il y a certainement des différences régionales, tout comme il y en a chez les animaux sauvages dans la Nature. Donc il se peut que le chien de rue en Roumanie ait un aspect différent de celui du chien de rue moyen en Inde, et que les animaux endéans une zone géographique auront des traits communs car la réproduction se fait localement et de manière aléatoire. L’idée d’une pureté raciale est donc purement une construction humaine, qui semble avoir comme finalité la distinction entre des “bons” et des “mauvais” individus, sur base de critères d’apparence arbitrairement choisis.  Et cette plus-value est transposée vers une valeur financière ou économique.
Où  avons-nous déjà entendu ce genre de théories auparavant??? Ce sont des théories de l’eugénisme comme celles des nazis qui sont mises en pratique sur les animaux. C’est l’illustration par excellence du spécisme.

De plus il s’agit de critères externes arbitraires, qui ne tiennent aucunement compte du bien-être ou de la santé physique voire mentale de l’animal. L’article fondé scientifiquement  ‘100 Years of Breed « Improvement” / 100 Ans « d’amélioration » des races’ de Caen Elegans est dans ce contexte une lecture très intéressante. Il nous montre avec des photos comment les caractéristiques physiques d’une série de chiens de race ont évolué entre 1915 et aujourd’hui. Des éleveurs ont transformé certaines caractéristiques jusqu’à de tels extrèmes, que les animaux qui en sont le résultat souffrent souvent de graves défaillances physiques, motrices, neurologiques ou internes. Là où la durée de vie d’un chien moyen se situe aux alentours de 15 ans, beaucoup de ces races meurent de manière prématurée. Et tout ça au nom de l’appât du gain.
Des chiens de rue ou des “zinnekes” (= chien batârd en bruxellois) ont par contre la réputation d’être beaucoup plus sains et costauds que ces supposés chiens de race et sont moins disposés à toutes sortes de troubles.
Lisez ici l’article complet traduit en français.

B. L’élevage d’animaux domestiques: la situation sur le terrain

Le sujet de l’élevage, càd l’incitation consciente à la réproduction des animaux domestiques est une affaire complexe. Sans vouloir prétendre que les délimitations entre les différentes situations sont claires et nettes, on peut distinguer les quatre situations suivantes, qui forment les conditions dans lesquelles les animaux domestiques d’élevage sont originaires:

1. L’élevage légal et professionnel de chiens ou de chats.

Il s’agit donc d’entreprises qui exercent leurs activités de manière professionnelle, et qui sont connues en tant que telles auprès de l’administration. Dépendant de sa mentalité et de ses intentions, le gérant peut oui ou non être concerné sur le plan de l’hygiène, la nutrition et les techniques de croisement. Il peut oui ou non chercher à mettre sur le marché des chiots sains, suivis par un vétérinaire et suffisamment socialisés. Mais même si en situation idéale les règles existantes sont respectées, il faut se rendre compte que les jeunes chiots ou chatons issus des programmes d’élevage de ce type ont une valeur économique qui est limitée dans le temps. Rares sont les gens qui veulent se procurer un chien adulte. Tout le monde est omnibulé par la recherche d’un chiot sympa ou d’un chaton âgé d’environ 2 à 4 mois. En général, 8 semaines est considéré comme l’âge minimal auquel le jeune chat ou chien peut être séparé de sa maman. Une fois ce laps de temps, endéans laquelle le chiot ou le chaton est “vendable”, dépassé, l’éleveur se retrouvera avec un surplus d’animaux qui doivent cèder leur place pour la portée suivante. Et que se passe-t’il avec les mères, une fois qu’elles arrivent à la fin de leur productivité? Nombreux éleveurs n’hésiteront pas à pratiquer l’euthanasie, en choisissant évidemment la procédure la moins coûteuse. De plus, nous pouvons sérieusement nous interroger sur les critères qui sont utilisés dans la définition de la pureté raciale d’un animal. Il s’agit de caractéristiques extérieures, qui sont dictées de manière arbitraire et en fonction de tendances et modes capricieuses influencées par une poignée de dirigeants qui organisent les expositions de chiens et de chats partout dans le monde.

2. L’élevage illégal de chiens ou de chats.

Il s’agit d’entreprises commerciales qui ne sont pas enregistrées. Le gérant travaille au noir, et garde secrets, les espaces où les chiennes d’élevage sont détenues en cage. Il n’y a pas le moindre respect pour le bien-être physique ou psychique des animaux. Les conditions hygiéniques sont en général abominables, les chiennes restent enfermées dans des petites cages, enceintes ou avec leurs nouveaux-nés, sans contact avec d’autres chiens ni êtres humains souvent dans leurs propres saletés, restes de nourriture et excréments. Les chiots nouveaux-nés sont vendus le plus vite possible sans tenir compte d’un âge minimal ou de leur degré de socialisation. L’assistance et/ou le contrôle vétérinaire sont absents. Les chiennes de ces élevages sont des machines de réproduction, sans période de repos entre les portées, Dès qu’elles sont épuisées ou devenues trôp vieilles, elles seront abattues.

3. L’importation de jeunes animaux de l’étranger, originaires de l’élevage illégal ou l’élevage légal à bas coûts

Les mêmes situations décrites ci-dessus dans l’élevage professionnel qui se produisent chez nous existent aussi à l’étranger. La législation en Europe de l’Est par exemple, est moins contraignante que chez nous, les contrôles sont inexistants et la législation sociale est plus laxiste, ce qui rend l’élevage moins coûteux. Les animaux sont proposés sur le marché à des prix moins élevés. Aux conditions de vie scabreuses des chiennes d’élevage et leur progéniture, se rajoute l’aspect du transport. Il est évident que ce transport est organisé à moindre coût. Des jeunes animaux, sains ou malades, sont entassés dans des caisses dans lesquelles la moitié ne survivra pas au transport. La vente est souvent organisée sur internet, avec le support de personnes de contact en Belgique.
La restriction de l’importation de chiens issus de l’élevage en provenance de Europe de l’Est où d’autre pays est une chose compliquée, car le statut des animaux est quasi similaire à des objets. Donc le commerce et le transport de ces animaux est considéré dans le contexte de la libre circulation des marchandises au sein de l’Union Européenne.

4. L’élevage privé ou occasionnel

Il existe encore une autre forme d’élevage, qui s’organise pratiquement entièrement “en sous-marin”. Il s’agit de personnes privées qui font accoucher leur chien ou leur chat de manière récurrente afin de gagner de l’argent. Nous pensons qu’un amalgame est fait entre la « satisfaction personnelle » qui peut découler de cet élevage d’un coté, et de l’amour pour les animaux de l’autre. L’argent gagné ainsi sert souvent à s’offrir quelques extras, par exemple pour pouvoir se permettre des vacances vers une destination exotique grâce à la vente des quatre chiots que le Chihuahua de la maison met au monde.
Du point de vue de notre parti, nous n’approuvons pas non plus de cette forme d’élevage, car on gagne de l’argent au détriment des animaux. Point de vue pratique, la situation ne semble pas simple, car on invoquera bien évidemment la liberté de l’individu de pouvoir exercer ces pratiques à la maison. De plus, il sera bientôt légalement permis de gagner environ 6000,00 euros par an avec une activité complémentaire, sans que celle-ci soit déclarée auprès des services fiscaux. Les personnes faisant accoucher leur chienne de race deux fois par an, produisant ainsi 4 chiots commercialisables, qui ensuite les revendent à 400,00 euros « pièce », ne risqueront même pas de dépasser ce seuil de revenus complémentaires maximal.

C. Les conséquences néfastes pour les acheteurs des animaux

Les maladies graves et mortelles survenant brièvement après l’achât d’un chiot ou d’un chaton de l’élevage véreux sont très élevés et provoquent des frais pour l’acheteur. Le phénomène provoque également des incomforts et de la souffrance d’ordre émotionnel.
Si la personne qui s’est procuré l’animal se sent dupée par la situation et se retourne vers le vendeur, il se peut que ce dernier lui propose un deuxième chien ou chat à prix réduit, comme compensation.
La meilleure résolution pour celles et ceux qui sont victimes d’une telle situation, est de porter plainte, et surtout ne pas cèder à la tentation de l’offre compensatoire du vendeur. Cette dernière vise uniquement à faire taire le client dupé et le faire renoncer à déposer plainte.
Plus d’informations concernant les plaintes liées à la mort subite d’un jeune animal tout suite après l’achât sont disponibles en bas de la page de ce lien.

D. L’expérience des vétérinaires et des refuges

Il semble que la plupart des plaintes concernant de graves problèmes de santé ou de comportement sont issues de situations dans l’élevage illégal ou liées à l’importation de jeunes animaux bon marchés depuis l’étranger, notamment de l’Europe de l’Est, et beaucoup moins avec des animaux provenant de l’élevage occasionnel.

E. Le point de vue de DierAnimal concernant l’élevage des animaux de compagnie

Nous sommes par principe opposés contre toute forme d’exploitation d’animaux, et nous trouvons qu’ils ne peuvent pas être au centre de transactions commerciales. Cela vaut également pour l’élevage occasionnel.
Nous sommes opposés contre tout élevage et sélection de chiens ou de chats visant à leur donner des caractéristiques d’apparence extrèmes et nous trouvons le concept de “pureté raciale” néfaste pour les animaux, car il est uniquement centré sur les intérêts égocentriques de l’homme.

Nous trouvons judicieux dans le contexte de l’amélioration de la situation actuelle de commencer avec des premières étapes pragmatiques, qui visent à éliminer les dérapages et abus les plus graves.

Et selon nous ça signifie:

Rendre plus difficile les abus de toute forme:

1. L’adaptation du statut des animaux, entre autres des animaux de compagnie, dans la Constitution et puis dans le Code Civil.

  • La création d’un statut spécial et adapté aux animaux, le “troisième statut”, qui donnera la reconnaissance à leur caractère sentient et sensible, sera une étape importante, à partir de laquelle plusieurs problématiques en rapport avec le bien-être animal pourront être plus facilement et plus rigoureusement « travaillées ».

2. Le traitement des pratiques illégales

  • Accentuer la répression de l’élevage illégal
  • Mettre fin au commerce véreux de chiots et de chatons depuis l’étranger
  • Punir plus sévèrement les infractions

3. Un cadre législatif plus contraignant pour l’élevage commercial enregistré

  • Rendre plus contraignant le cadre législatif et les normes ainsi que le contrôle du respect de ceux-ci, qui ne peut en aucun cas se faire par une auto-régulation du secteur, car celle-ci ne fonctionne pas. L’un des points de ce cadre législatif doît être l’interdiction de la sélection vers des caractéristiques extrèmes nuisibles et les croisements consanguins.
  • L’interdiction des agrandissements des élevages commerciaux existants
  • Un stop définitif à l’octroi des autorisations d’exploitation et permis de construction de nouveaux élevages commerciaux

Faciliter et soutenir le dépôt de plaintes concernant des abus

La création d’une section de protection animale au sein de chaque brigade (communale) de la police

  • La désignation d’au moins deux policiers au sein de chaque zone policière qui seront formés à reconnaître les maltraitances animales et qui seront les premiers points de contact pour les citoyens et/ou les organisations de défense des animaux en ce qui concerne le signalement d’abus ou d’infractions.
Réflections sur l’élevage d’animaux de compagnie

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